Accueil A la une Secteur parallèle et activité économique anarchique : Un vrai danger pour l’économie

Secteur parallèle et activité économique anarchique : Un vrai danger pour l’économie

 

Le secteur parallèle ne cesse de prendre de l’ampleur en Tunisie aux dépens des cercles économiques réguliers. Cette situation n’est pas sans conséquences. Cependant, certains estiment que le poids de l’économie parallèle est tellement important qu son intégration pourrait résoudre les problèmes financiers de l’Etat.

Si les formes de l’économie et du secteur parallèle se développent en dépit des mesures entreprises par les autorités, cela relève d’une culture sociale qui nuit considérablement aux finances de l’Etat et au développement des régions. C’est dans ce contexte que le gouvernement s’apprête à lancer le programme d’intégration de l’économie parallèle en vue de renforcer l’assiette fiscale et de la rendre plus équitable.

D’ailleurs, la Banque mondiale ne cesse d’alerter contre les retombées d’une telle situation sur l’Etat tunisien. Son dernier rapport tire la sonnette d’alarme concernant l’emploi en Tunisie et le poids du secteur parallèle. Le rapport de la Banque mondiale sur le «paysage de l’emploi en Tunisie» a révélé, en effet, que la moitié de la population active en Tunisie travaille dans le secteur parallèle, et que sur les 2,8 millions de travailleurs dans le secteur privé, 1,55 million de personnes travaillent dans le secteur parallèle, soit un taux de près de 43% contre 9%, selon les statistiques de 2019, soit une nette aggravation de ce phénomène.

Le rapport note, dans ce sens, que la moitié de la population active n’a pas d’emploi, puisque seuls 47% de la population active de plus de 15 ans, estimée à 8,7 millions de personnes, sont actifs sur le marché du travail, tandis que le reste, soit 53% (4,6 millions de personnes) ne travaillent pas et ne sont pas en recherche d’emploi. Toujours selon ce rapport, la faible participation des femmes à la population active, le chômage élevé des jeunes et la forte proportion des travailleurs employés de manière informelle caractérisent l’emploi en Tunisie.

La moitié au chômage !

Plus d’une personne en âge de travailler sur deux n’a pas d’emploi et n’est pas à la recherche d’un emploi, explique également ce rapport. La population en âge de travailler âgée de 15 ans et plus est estimée à 8,7 millions de personnes.

Cependant, les données de la BM indiquent que le taux d’activité en Tunisie est supérieur à la moyenne de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (43,2% en 2017, à l’exclusion des pays à revenu élevé), mais assez faible par rapport à la moyenne des pays à revenu intermédiaire (64,9% en 2017).

Toujours selon le même document, la BM pose plusieurs défis à l’économie nationale. Il s’agit en premier lieu d’assurer une participation citoyenne pour stimuler la prestation de services et ouvrir la voie à un équilibre politique plus durable. Mais, aussi, mettre en place des institutions plus inclusives. Cela permettrait de renforcer la réactivité de l’État aux aspirations des citoyens, en particulier des populations vulnérables vivant dans les zones rurales, souffrant d’un retard de développement, et qui ne peuvent accéder à des services publics de qualité.

La BM recommande plus de productivité pour renforcer l’économie nationale. Cela permettrait de favoriser le commerce et l’innovation, tout en attirant les investissements directs étrangers et les financements climatiques.

Le gouvernement agit

C’est dans ce contexte que le gouvernement Bouden a annoncé la couleur de son plan visant à mettre fin à cette situation. Nasreddine Nsibi, porte-parole du gouvernement et ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, avait présenté un projet de décret permettant l’intégration des travailleurs informels dans le secteur structuré qui sera soumis à un Conseil ministériel.

Il a souligné dans ce sens que le décret prévoit des subventions visant à inclure ces travailleurs dans les circuits économiques reconnus. «Les dispositions du projet de décret prévoient le versement de subventions pour une période de deux ans à chaque travailleur dans le secteur parallèle, et ce, afin de l’accompagner dans le processus de son inclusion dans le cycle économique formel», a-t-il expliqué.

Cela intervient dans le cadre d’une grande réforme visant à mettre fin aux formes d’économie parallèle. En vertu de ces nouvelles dispositions, l’Etat prendra aussi en charge les cotisations sociales des travailleurs informels qui décident d’intégrer l’économie structurée sur une période de deux ans et œuvrera à préserver leurs revenus.

Selon le gouvernement, une fois mise en exécution, cette mesure permettra de générer d’énormes revenus fiscaux à l’Etat dans la mesure où l’ensemble de ces activités échappent complètement à tout contrôle fiscal.

Sauf que les économistes n’ont pas caché leurs craintes de voir de telles mesures renforcer davantage l’économie parallèle. Ils estiment que ces mesures pourraient pousser certains travailleurs et certains corps de métier à basculer dans l’évasion fiscale avec le passage au régime réel. Il faut rappeler que le ministère des Finances a annoncé un passage au régime réel au lieu du forfaitaire à partir du 1er janvier pour de nombreuses activités économiques et commerciales.

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